Automne 2017
Hommage à l’œuvre de
Marielle PR à‰VOST
1947 – 2014
peintures, pastels, dessins, gravures
Archives d’un atelier, cartons à dessins, carnets, croquis, gravures, pastels, travaux divers au crayon de bois d’écolier de couleur mate ou brillante : rien d’exceptionnelen soi, c’est un « atelier » mais la découverte est bien plus que cela : c’est l’Atelier de Marielle Prévost avec son secret et son histoire.
C’est l’entrée « en Atelier ». (C’est ainsi que l’on disait de ceux ou celles qui entraient en religion). Tous les jours, c’est une marche, une histoire de déambulation, une montée vers Ce n’est pas uniquement une question de topographie, c’est aller de son lieu vers un lieu – une rencontre à part – Pour Marielle c’est le silence et le secret. C’est le mystère opérant inconnu de l’autre.
« Une fenêtre donnant sur la Place de B » : de l’entre-clair : juste l’apparaissant du jour et de la ville. C’est celle qui ouvre et qui ferme, qui s’ouvre et qui se ferme, du dehors et du dedans. Elle est cette symbiose illusoire de ne pas savoir si c’est devant ou derrière. La métabolisation de l’arrière-plan en image sur le contre-jour est
le poète grandissant en son lieu.
Cette déambulation d’un lieu à un autre lui permet de se retrouver, sortant d’un monde qui n’est pas le sien, elle pénètre ce rassurant dans lequel l’inspiration est sa seule compagne. Absence et présence, paradoxe permanent, le crayon dans la main est toujours là pour nous rendre humble. Chaque atelier a son propre à lui. Celui de Marielle est sans aucun doute le théâtre où se joue une césure dont la fenêtre est juste le rappel d’un monde.
Le prolongement de sa main par l’outil ? Qu’est-ce qui se passe ? Avec quoi travaille-t-elle, avec qui ? Quelle est la forme de cet « outil » si particulière que nous ne savons pas son utilité et pourtant est à la portée de chacun, mystère ! Et c’est ce qui fait la différence. Du beaucoup parce qu’elle n’en a pas assez, « du un seul », ou juste celui-ci qui lui ressemble ce jour-là . C’est une accumulation de poils, de poudres, d’encre, de calames, de plumes, de crayons, de feutres, de froufrous, d’or et d’argent, de paillettes festives, de boites pleines et vides toujours là et présentes parce que leur contenu est déjà gravé, dessiné ou pas, ne faisant apparaître l’inutile qu’en correspondance d’un manque jamais comblé.
Toujours l’ouvert : La triangulation verticale et horizontale dans un champ optique très précis rassemble son « il y a ». Que de cartons à dessins a-t-elle transportés, ouverts, remplis, abimés, réparés car ils contiennent ce qu’elle a de plus précieux. Tiroirs, cartons et boites, ces lieux d’une généalogie poétique nous ouvrent un jour l’histoire de l’autre, son histoire. Fermé, le carton n’est plus l’histoire de cet autre : il devient son espace protégé.
L’accumulation de notes, d’écrits, de croquis, pour se souvenir, pour dire autrement est représenté par le souple ou le rigide. Les carnets et les papiers de Marielle sont confidences de sa pensée dans une intime préciosité. Ceci et son contraire dans la souplesse d’une feuille d’orient, roulée ou pliée chaque feuille est sa fragilité même.
La solitude entraine très souvent un besoin de rencontres à travers l’image et l’écriture. Les rires et les pleurs, ce rire strident jusqu’ à s’étouffer. C’est son rire à n’en plus pouvoir d’être avec les ami(e)s. Ils, elles sont là à la naissance de l’œuvre , révélés(e) en ic ône photographique, ou gravés(e) sur une affiche : une date, un nom, une image.
« Y-être » : C’est l’entrouvert d’une porte sur cet espace vacant. La découverte de l’autre quand il n’est plus là est une chose étonnante. àŠtre là à travers son nom. C’est le monde d’un secret bien gardé. Son monde d’un possible enfantement où seule elle sait que c’est ou pas. Illusion du monde. L’intemporel n’appartient qu’ à celui ou celle qui le vit.
Et quand tout parait terminé, dans le doute et l’oubli, achevé peut-être, nous ne savons jamais la fin de l’histoire. Une accumulation de gravures, de dessins n’a plus d’importance car cette dite accumulation n’a eu de sens que de vivre avec. Montrer ou ne pas montrer, se montrer, question, réponse entre nos mains.
H.A.